samedi 12 novembre 2011

Qui est Nimrod

ALLOCUTION DU PROMOTEUR DES EDITIONS SAO
A L’OCCASION DE LA REMISE DU PRIX NIMROD DU ROMAN 2011
Monsieur Le Ministre de la Culture,
Mesdames, Messieurs,
Aujourd’hui, c’est le 11/11/11. Cette coïncidence de chiffre est un signe fort pour ceux qui, comme moi, pensent que le désir provoque les événements. L’événement aujourd’hui, c’est le résultat du concours Nimrod du Roman 2011. Le but de cette compétition littéraire, c’est de susciter l’imagination et en même temps rendre hommage aux écrivains tchadiens et les faire connaître pendant qu’ils sont vivants. De nos jours écrire, c’est un travail ingrat mais grandement utile pour l’avenir culturel de notre pays. L’année prochaine, le prix portera le nom d’un autre écrivain tchadien selon les critères du nombre et de la qualité des livres écrits (nous pensons déjà à Ndjékéry). L’initiative est des Editions SAO qui souhaitent que le Ministère de la Culture se l’approprie pour en faire une compétition diversifiée : prix de la poésie, du théâtre, de la nouvelle, du conte, etc.
L’essentiel, c’est de décider les Tchadiens à écrire pour se défouler et pour se connaître davantage à travers leur histoire et leur culture. Car il est difficile d’avoir une unité politique, sans forger une unité culturelle. Nous avons probablement besoin des signes physiques et culturels assez forts pour fédérer nos différences, comme la Tour Eiffel à Paris, Hollywood au USA, Fespaco au Burkina Faso…
Pour ce concours littéraire, il y a eu treize participants, dix présélectionnés, au final un gagnant et une mention spéciale du jury (cette dernière non prévue, mais deux textes se sont talonnés). On ne peut être meilleur que parmi les bons. Nous invitons les personnes de bonne volonté (il y en a heureusement) à aider à la pratique de l’écriture pour produire de meilleurs livres : soutenir des ateliers et des résidences d’écriture par exemple.
Il est souhaitable d’investir dans ce qui dure dans le temps. La culture ne saurait être confondue au folklore. Donnons la possibilité aux écrivains et aux artistes de créer. Si les Tchadiens sont meilleurs ailleurs, c’est qu’ils peuvent l’être aussi ici si les conditions favorables leur sont offertes. C’est pour cela que le nom de Nimrod a été choisi pour ce concours afin de montrer l’exemple d’un homme qui a surpassé la complexité des cultures pour se hisser au devant de la scène littéraire française très rigoureuse et élitiste.
Qui est Nimrod ?
Né en 1959 au Tchad, Nimrod est poète, romancier, essayiste et animateur de revue. Il est docteur en Philosophie et a fait toute sa scolarité primaire et secondaire au Tchad. Il a étudié et enseigné en Côte d’Ivoire, puis s’est rendu en France où il réside.
Nimrod a reçu de nombreux prix et distinctions : le prix de la Vocation (1989), le prix Louis Labé (1999), la Bourse Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres (2001), le Prix Benjamin Fondane, le Prix Édouard Glissant et le Prix Ahmadou Kourouma.
Il a enseigné à l’université du Michigan aux Etats Unis.
Nimrod est un poète dont les autoportraits chantants sont des chefs-d’œuvre de grâce promus dans leur infaillible lancée.
Les ouvrages de Nimrod sont :

Poésie :
         - Pierre, poussière, poèmes, Obsidiane, 1989 (Prix de la Vocation) ;
         - Passage à l’infini, poèmes, Obsidiane, 1999 (Prix Louise Labé) ;
         - En saison, suivi de Pierre, poussière, poèmes, Obsidiane, 2004 ;
         - Babel, Babylone, poèmes, Obsidiane, 2010.

Romans & récits :
         - Les jambes d’Alice, roman, Actes Sud, 2001 (Bourse Thyde Monier de la Société des Gens des Lettres) ;
         - Le Départ, récit, Actes Sud, 2005 ;
         - Le bal des princes, roman, Actes Sud, 2008 (Prix Benjamin Fondane, Prix Édouard Glissant, Prix Ahmadou Kourouma) ;
         - L’or des rivières, récits, Actes Sud, 2010.

Essais :
         - Tombeau de Léopold Sédar Senghor, essai, Le temps qu’il fait, 2003 ;
         - Léopold Sédar Senghor, monographie cosignée avec Armand Guibert, Seghers, coll. « Poètes d’aujour­d’hui », 2006 ;
         - La nouvelle chose française, essais, Actes Sud, 2008.
         - Alain Tasso. D’un chant solitaire, essai, Beyrouth, éditions Les blés d’or, coll. « Estetica », 2010.

Littérature jeunesse :
         - Rosa Parks, roman, Actes Sud Junoir, 2008.

Nimrod s’est imposé une écriture raffinée. Sa plume se veut libre et décolonisée, imprégnée du métissage culturel cher à Senghor dont il est l’admirateur (il a écrit deux livres sur lui). Parce qu’il chérit la rigueur et la perfection, de lui certains Français s’étonnent. Quelqu’un qui vient d’ailleurs et qui jongle avec leur langue avec une telle facilité. A ceux-là qui oublient que la langue de Molière de leur appartient plus, Nimrod observe dans La nouvelle chose française qu’ils ne doivent pas confondre particularité et originalité.
Son passeport est  tchadien, certains de ces écrits parlent du Tchad. Grâce à quoi le pays est connu d’une certaine manière. Mais en pensée, c’est un citoyen du monde, apte à confondre les mentalités. C’est aussi cela l’originalité qui aiguise la curiosité de beaucoup de revues littéraires en France. Celles-ci lui consacrent souvent de belles pages. Merci Nimrod d’être parti d’ici avec une lumière qui éclaire partout.

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